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Rentrée pastorale de l’Enseignement Catholique d’Ille-et-Vilaine

Mgr d’Ornellas à l’Enseignement catholique d’Ille-et-Vilaine :

Sun odos : faire un bout de chemin ensemble

Lors de la journée de rentrée pastorale de l’Enseignement Catholique d’Ille-et-Vilaine, le 27 septembre 2017, Mgr Pierre d’Ornellas a présenté le sens de la Démarche synodale du diocèse de Rennes pour chacun des membres de la communauté éducative.

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> Lire le reportage sur la journée : Dans l’Enseignement catholique d’Ille-et-Vilaine, chacun est aussi « disciple-missionnaire » !

1. La foi en l’Esprit Saint

Cela signifie concrètement que nous croyons en la présence de l’Esprit Saint qui éclaire toute personne « de bonne volonté ». Cette expression est très importante. Elle signifie que l’Esprit Saint éclaire le « cœur droit ». On connaît le propos de saint Matthieu : « malheureux êtes-vous, vous les hypocrites. » L’hypocrite est celui qui ne vit pas droitement selon sa conscience.

Saint Thomas d’Aquin a exposé cela en disant que tout acte bon commis par une personne se fait avec la grâce de Dieu. Le concile Vatican II expose admirablement le rôle de la conscience : chercher la vérité, en particulier en ce qui concerne Dieu, et y adhérer quand on l’a trouvée.

L’Esprit Saint éclaire tout autant le croyant dont la foi est vivante et se traduit par « une amitié avec le Fils de Dieu », avec Dieu lui-même, que le croyant dont la foi est hésitante, chancelante, en recherche, que celui ou celle qui estime ne pas avoir la foi, pourvu que ces trois catégories de personnes vivent droitement selon leur conscience, sans tricher avec elle.

Cela a des conséquences immédiates qui sont concrètes : (voir les points 2, 3 et 4)

2. Différence des missions

Nul n’est sensé se considérer comme meilleur que l’autre. La différence fondamentale entre nous réside dans la mission confiée. Nos missions sont différentes. Au-delà du métier pour lequel il y a une rémunération, l’Église parle davantage en termes de missions reçues et exercées, avec d’ailleurs plus ou moins de fidélité. Mais retenons ici que nos différences ne résident pas dans les critères qui définiraient la supériorité et l’infériorité. Il est évident que l’élève à une mission différente de celle du professeur qui lui-même a une mission différente de celle du chef d’établissement ou d’un membre du personnel. Les missions sont différentes mais chacun à l’Esprit Saint.

Ces missions, qui nous différencient, sont reliées entre elles de telle sorte que l’ensemble grandisse et que chaque mission fasse du bien à chacun et à tous.

Nous avons donc chacun une mission que nous exerçons chacun personnellement, mais nous sommes interdépendants les uns des autres car aucune mission n’assure à elle-seule la croissance de l’ensemble et la bien de tous.

3. Écouter et Parler

C’est pourquoi, nous sommes invités à nous écouter les uns les autres et à nous parler les uns aux autres. Écoute et parole tissent le chemin que nous faisons ensemble. Écouter l’autre parce qu’il a l’Esprit Saint. Oser prendre la parole parce que l’Esprit Saint m’habite.

S’écouter les uns les autres est un art qui s’apprend. Que nos pré-compréhensions ou nos émotions ou nos connaissances ne soient pas des obstacles pour écouter l’autre dans ce qu’il dit vraiment ou essaye de dire. Écouter est la dimension essentielle du judaïsme et de la foi chrétienne. « Faites attention à la manière dont vous écoutez », prévient Jésus (Luc 8). Il s’agit d’écouter de telle sorte que l’autre – sans lui couper la parole ni avoir peur de ses silences – puisse tout exprimer de ce qu’il veut exprimer.

Parler consiste à prendre la parole. Voilà une décision remarquable de la liberté : prendre la parole pour dire quelque chose que l’on veut effectivement prononcer.

C’est tout le contraire du bavardage, même si celui-ci est à première vue nécessaire pour échanger spontanément des nouvelles.

Prendre la parole, c’est plus que la parole que nous avons besoin de dire pour verbaliser nos émotions, parfois douloureuses ou violentes, qui nous traversent. Il est sans doute nécessaire de mettre des mots sur ce qui est vécu et ressenti. Nous le savons bien pour nous-mêmes et nous l’expérimentons avec des enfants et des jeunes.

Allons plus loin, il s’agit de prendre la parole pour exprimer une pensée réfléchie qui contribue à faire croître l’ensemble et à faire du bien à tous. Prendre la parole, c’est trouver les mots qui permettent l’écoute, c’est adopter la posture de l’humble respect de telle sorte que l’autre écoute tel qu’il est.

4. Chercher ensemble

Toutes ces caractéristiques pour prendre ainsi la parole, signifient qu’il faut chercher. L’Écriture attribue la béatitude à celui qui cherche. Thérèse de Lisieux terminé sa vie en confiant : « Il me semble que je n’ai jamais fait que chercher la vérité. »

Chercher ce qui contribue à la croissance de l’ensemble et au bien de tous, voilà ce qui anime l’écoute et la prise de parole. Ainsi, nous cherchons ensemble sur le chemin où nous avançons ensemble grâce à l’écoute et à la parole. Et l’Esprit Saint nous guide parce que, loin d’être rivés sur nous-mêmes, nous cherchons quel est le bien des autres et de l’ensemble.

5. La grande lumière de la foi

Dans l’Enseignement catholique, nous savons que « Dieu est amour », qu’il s’est révélé comme le Père de tous et de chacun, que cette Révélation est totale en son Fils qui a pris chair de la Vierge Marie, qui a reçu le nom de « Jésus », qui est ressuscité d’entre les morts, ce qui suppose qu’il est vraiment mort ; or, cela s’est réalisé sur la croix qui est révélation ultime et plénière de la miséricorde de Dieu.

C’est aussi la Révélation plénière de l’homme à lui-même. Le concile Vatican II le dit en un texte admirable que Saint Jean-Paul II citera souvent : « En réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné. Adam, en effet, le premier homme, était la figure de celui qui devait venir (Romains 5,14), le Christ Seigneur. Nouvel Adam, le Christ, dans la Révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation. » (Vatican II, Gaudium et spes n. 22, §1.)

Quand vous entendez « mystère de l’homme », ne pensez pas à une abstraction, mais à « l’homme » concret que vous avez devant vous, en chair et en os, avec sa sensibilité, son éducation, ses désirs, ses défauts et ses talents, son histoire, … : tel élève, tel membre de l’Équipe éducative, tel parent, etc…

D’où il ressort que la croissance de l’ensemble de la famille de l’Enseignement catholique et le bien fait à tous et à chacun dans cette famille, résident dans le dévoilement du Christ qui dévoile pleinement chacun à lui-même dans une joie étonnante. Se savoir aimer du Père est source de vie, à nulle autre pareille.

6. Fraternité synodale

Écouter et Parler, dans une commune recherche de propositions pour que ce dévoilement ait lieu, tel est le but de la « fraternité synodale ».

Mieux, participer à une « fraternité » fait grandir chacun. En effet, cela nous met dans une posture d’écoute afin de recevoir vraiment l’autre avec ce qu’il dit. Cela nous met aussi dans la posture de prendre la parole pour énoncer quelque chose qui soit pour le bien des autres, et de tout l’ensemble.

Cela nous met aussi en posture d’écouter une parole sur la foi et de prononcer une telle parole.

Cela nous constitue frères et sœurs les uns des autres au sens le plus beau du terme. Nous nous recevons les uns les autres comme des sources d’enrichissement, pourvu que personne ne cherche à faire prévaloir ses opinions, et que chacun accepte de sortir de ses certitudes pour se laisser bousculer par ce qu’il entend. De cette écoute et de cette prise de parole, guidées par le souci du vrai bien des autres et illuminées par là lumière de la foi, jaillissent des désirs souvent tus auparavant et des nouveautés qu’on avait du mal à imaginer. Voilà le beau fruit de la Démarche synodale dans la famille de l’Enseignement Catholique au sein du diocèse.

7. Le Christ

Dans toute démarche synodale, il y a une certitude de foi qui habite l’Église : le Christ ressuscité est présent ! Nous ne devrions jamais nous habituer à cela. Il nous affirme : « Je suis avec vous tous les jours. » « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux. » Attention, « en mon nom » ne se réduit pas à l’aspect confessionnel. Toute recherche vraie de la vérité, toute recherche juste de la justice, quand elles nous rassemblent, Il est là au milieu de nous.

C’est Lui qui récapitule tout ce qu’il y a de bon, de bien, de vrai, de juste et de saint. Aussi tout ce qui existe pour le bien d’un élève n’est pas étranger au Christ : le corps, l’intelligence, la mémoire, la générosité, le cœur, l’amitié, le projet, la liberté qui s’exprime par une décision personnelle, la conscience, etc.

Mais tout ceci serait incomplet s’il n’y avait pas l’acte le plus plénier de la liberté : la foi en Dieu, comme relation vivante à Dieu qui pousse à une relation vivante avec le prochain, selon le magnifique double commandement de l’amour. D’où les temps de célébrations liturgiques, d’intelligence de la foi en dialogue avec les questions vives de la raison humaine, de solidarité dans la charité chrétienne en dialogue avec l’épreuve de l’injustice.

Dans la démarche synodale, tout ce qui est prononcé par celles et ceux qui osent prendre la parole doit pouvoir être rapporté au Christ, d’une manière ou d’une autre. C’est pourquoi dans une démarche synodale, la nourriture qui vient de la Parole de Dieu est fondamentale. Tous nous sommes sous cette Parole et l’évêque est le premier garant que nous sommes bien sous cette Parole qui suscite toujours la communion dans l’unité de l’amour.


Annexes

Citations du pape François dans La joie de l’Évangile, 24 novembre 2013

« Sans diminuer la valeur de l’idéal évangélique, il faut accompagner avec miséricorde et patience les étapes possibles de croissance des personnes qui se construisent jour après jour. […] Un petit pas, au milieu de grandes limites humaines, peut être plus apprécié de Dieu que la vie extérieurement correcte de celui qui passe ses jours sans avoir à affronter d’importantes difficultés. » (n. 44)

« Quand on assume un objectif pastoral et un style missionnaire, qui réellement arrivent à tous sans exceptions ni exclusions, l’annonce se concentre sur l’essentiel, sur ce qui est plus beau, plus grand, plus attirant et en même temps plus nécessaire. La proposition se simplifie, sans perdre pour cela profondeur et vérité, et devient ainsi plus convaincante et plus lumineuse. » (n. 35)

« Les énormes et rapides changements culturels demandent que nous prêtions une constante attention pour chercher à exprimer la vérité de toujours dans un langage qui permette de reconnaître sa permanente nouveauté. Car, dans le dépôt de la doctrine chrétienne « une chose est la substance […] et une autre la manière de formuler son expression ». Parfois, en écoutant un langage complètement orthodoxe, celui que les fidèles reçoivent, à cause du langage qu’ils utilisent et comprennent, c’est quelque chose qui ne correspond pas au véritable Évangile de Jésus Christ. Avec la sainte intention de leur communiquer la vérité sur Dieu et sur l’être humain, en certaines occasions, nous leur donnons un faux dieu ou un idéal humain qui n’est pas vraiment chrétien. De cette façon, nous sommes fidèles à une formulation mais nous ne transmettons pas la substance. C’est le risque le plus grave. » (n. 41)

« L’Église “en sortie” est la communauté des disciples missionnaires qui prennent l’initiative, qui s’impliquent, qui accompagnent, qui fructifient et qui fêtent. » (n. 24)

Citations des Carnets de Léontine Dolivet (28 décembre 1888 – 14 novembre 1974, à Betton)

Elle écrit à 30 ans : « Pauvre petits, comme je les aime ! Plus que jamais mon coeur leur est profondément attaché. Je crois que le Maître – c’est Jésus – a déposé dans mon âme quelque chose de l’amour dont son cœur débordait en faveur des enfants. »

Trois ans plus tôt, à 27 ans, elle confie : « Je comprends les prédilections du Maître pour les enfants. Je Le remercie d’avoir déposé au fonds de mon cœur quelque chose de cette tendresse qu’Il avait pour eux et je Le supplie en augmentant mon amour pour Lui d’augmenter aussi, si toutefois il est possible, mon amour pour les chers enfants qu’Il m’a confiés, bien convaincue que dans l’œuvre de l’éducation rien ne se fait sans amour. »

Elle expérimente sa faiblesse, elle voit bien que c’est difficile, qu’elle n’y arrive pas, et pourtant quelle fidélité à accueillir les garçons pour leur expliquer l’amour de Dieu, pour « couler goutte à goutte l’amour de Dieu dans leur cœur », comme elle dit. Voici ce qu’elle écrit : « Sentant mon impuissance devant l’étendue de la tâche, je supplie chaque jour Jésus d’y suppléer et de faire Lui-même ce que je ne puis faire malgré mes désirs. Mes désirs ! Ils sont immenses. Je voudrais dans tous les cœurs des enfants allumer le feu de l’amour. Mes désirs ! Je voudrais atteindre toutes les âmes d’enfants. »

 
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